Mutuelle d’entreprise obligatoire, le couac ?

lundi 14 mars 2016

Entreprises retardataires, salariés réticents, niveau de garantie au strict minimum… La mutuelle d’entreprise obligatoire au 1er janvier 2016 s’avère pour l’instant une douche froide sur bien des aspects. Quels sont les points de blocage ?

De nombreuses entreprises doivent encore se mettre en conformité

La réforme de la mutuelle d’entreprise obligatoire avait pour objectif de faire bénéficier chaque salarié d’une complémentaire santé accessible, grâce notamment à la participation financière de l’employeur.

Or, les chiffres avancés à la mi-février sont évocateurs de l’échec de cette ambition : 5 millions de salariés ne seraient toujours pas couverts par leur entreprise, dont 500 000 ne disposant d’aucune autre complémentaire santé. La première raison est à rechercher dans le peu d’empressement manifesté par certaines entreprises pour se mettre en conformité, et notamment chez les PME et TPE. Les démarches de dernière minute ont été nombreuses à la fin de l’année 2015, et ont entraîné un encombrement chez les professionnels de la complémentaire santé. En février, le courtier Cipres Assurances estimait ainsi que seulement « 55 à 60 % des quelques 450 000 entreprises retardataires s’étaient mises en règle, avec des écarts très manqués entre les différentes branches professionnelles".

 

La mutuelle d’entreprise échoue à séduire les salariés

Même lorsqu’elle est effectivement souscrite par l’employeur, la mutuelle d’entreprise rencontre de grosses difficultés pour séduire les salariés et les convaincre d’abandonner leur ancienne formule individuelle.

Une étude menée récemment par Malakoff Médéric dans les petites et moyennes entreprises révèle que quatre salariés sur dix, à peine, auraient souscrit. Les 60 % restants auraient donc usé des quelques cas de dispense dûment prévus par la loi, comme la couverture par la mutuelle du conjoint ou encore l’ancienneté dans l’entreprise (lorsque la mutuelle a été adoptée par décision unilatérale de l’employeur).

La proportion de salariés couverts par une mutuelle collective devrait néanmoins augmenter progressivement, au fur et à mesure que certains contrats individuels arriveront à échéance ou que le personnel de l’entreprise sera renouvelé.

Le manque d’enthousiasme des salariés est compréhensible à bien des égards. Le comparateur Lassurancepro.com s’est intéressé aux demandes de devis qui lui sont faites par les entreprises : 27 % ne visent rien d’autre que le strict panier minimum de soins imposé par la loi. Les 73 % restantes, quant à elles, ne sont que très légèrement plus généreuses dans leur grande majorité. L’homogénéité des garanties, ou leur niveau jugé trop faible vont sans doute inciter de nombreux salariés à conserver leur mutuelle individuelle lorsqu’ils le peuvent ou, à défaut, les orienter vers une surcomplémentaire santé.



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