Retraites : et si l'on ne faisait rien ?

jeudi 21 juillet 2022

Suite à l'élection présidentielle, que penser de l'évolution prévue dans le cadre de la réforme des retraites ?

Longtemps discuté dans le cadre des concertations sur la réforme des retraites, l’allongement de la durée de travail au service du financement des retraites redevient un sujet d’actualité.

Suite à la réélection d’Emmanuel Macron, doit-on craindre le décalage de l’âge légal de départ ? Quelle est la différence avec la réforme Touraine qui prévoit l’augmentation du nombre de trimestres nécessaires pour une retraite calculée à taux plein ?

Emmanuel Grimaud, président de simul-retraite.fr vous livre son analyse à l’aube du second mandat du président Macron.


Décalage de l’âge légal ou accélération de la réforme Touraine ?

Quelle est la différence, en termes de financement, entre la durée de cotisation et la borne d’âge ?

"La borne d’âge permet à quelqu’un qui a commencé à travailler à 18 ans (quand il arrive à 62 ans, il a travaillé 44 annuités) d'avoir tous ses trimestres. Il pourra liquider sa retraite tranquillement. Alors que le cadre qui a fait des études jusqu’à 23 ans, à 62 ans, il n’a pas ses 42 annuités. De toute façon, s’il a commencé à 23 ans + 42 annuités, il partira à 65 ans".

"Si je décale l’âge de départ à 64 ans, mon boulanger qui a commencé à bosser à 18 ans, qui a déjà 44 annuités à 62 ans, et je lui dis de travailler 46 annuités. Sachant qu’il a 6 ans d’espérance de vie en moins par rapport au cadre. Et le cadre, puisque de toute façon il aurait continuer à travailler jusqu’à 65 ans, ça ne change rien".

"Ce débat entre la durée de cotisation et la borne d’âge est très important. Personnellement je pense que cette notion est injuste, puisqu’avec la borne d’âge on traite indifféremment le cadre sup de la personne qui a travaillé avec le marteau piqueur, alors que le nombre de trimestres reprend déjà in fine les critères de pénibilité et des gens qui ont commencé à travailler très tôt. Et qui a commencé à travailler tôt en général ? Ce sont les métiers de la première ligne".

"Edouard Philippe en décembre 2019, dans les premiers mots de son discours a dit : “de toute façon, les 64 ans on y va naturellement !”, pour deux raisons. La première est qu’historiquement chaque génération a commencé à travailler plus tard que les générations précédentes. La Cnav mesure à l’âge de 30 ans, génération après génération, et constate que les jeunes de 30 ans ont de moins en moins de trimestres (à cet âge là). Mécaniquement, si j’ai besoin de 43 annuités je vais décaler tout seul mon âge de départ. Deuxièmement, dans les derniers chiffres de la DREES, l’âge moyen de départ pour le secteur privé est de 63,3 ans. Il reste à venir toute l’augmentation de 6 trimestres de la réforme Touraine (de 166 à 172). 63,3 ans + 1 an et demi, cela nous fait 64,8 ans. Donc la réforme Touraine à ce stade, fait déjà le job de décaler l’âge de départ. Et ensuite, effectivement, il y a des personnes qui ont commencé à travailler très jeunes et qui ont leurs trimestres beaucoup plus tôt. Il y en a qui ont fait des études supérieures qui devront de toute façon travailler jusqu’à 65 ans".

"Emmanuel Macron avait annoncé pendant la campagne la prise en compte du nombre de trimestres. Ce qui est contradictoire avec la borne de l’âge légal. Aujourd’hui, la réforme Touraine fait que les personnes nées en 1972 doivent valider 43 annuités, et aura un plein effet en 2034-2035. La réforme Touraine fait que la durée de cotisation augmente d’un trimestre toutes les 3 générations (tous les 3 ans donc).

"Que les personnes partent à 64 ans et 6 mois parce qu’on a changé l’âge légal, ou par une accélération de la réforme Touraine, pour les finances publiques le résultat est le même. C’est vrai que la borne d’âge stricte et sévère, financière et froide, est plus efficace car elle va dire à toutes les personnes qui ont commencé tôt de partir à partir d’un âge défini. Mais on arrive naturellement au décalage de l’âge de départ via l’accélération de la réforme Touraine".

"Le passage de 60 à 62 ans, c’était 35 milliards pour la collectivité par an. Attention ! Lorsqu’on regarde les comptes en 2021, donc l’année post-Covid où l’on attendait le pire, la Cnav présentait 2 milliards de déficits, l’Agirc-Arrco présentait 2,6 milliards d’excédents".


Crédits vidéos : BSmart - 21 juin 2022


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Ecrit par la rédaction de Simul-retraite.fr

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