VIDEO - Retraites : 62 ou 65 ans, pourquoi l’âge légal de départ est-il si important ?

Les Français vivent de plus en plus longtemps, ce qui pourrait avoir pour conséquence de menacer l’équilibre financier des retraites en France. Décaler l’âge légal de départ en retraite pourrait être une solution pour maintenir l’équilibre du régime des retraites.

Si le décalage de l’âge de départ vers la borne de 64 ans serait trop rapide à absorber pour les entreprises, il est intéressant de pointer une nouvelle fois l’intérêt que représente “l’atterrissage en douceur” : via le cumul emploi-retraite et la retraite progressive.

Pourquoi est-ce que l’âge de départ est une borne importante lorsqu’on regarde le dispositif général des retraites ?

“L’âge de départ a un impact immédiat sur l’équilibre des comptes, voire demain les excédents des régimes de retraite. Lorsqu’en 2010, Eric Woerth a fait passer l’âge légal de départ de 60 à 62 ans, les comptes de la Cnav se sont améliorés en 7 ans de 12 milliards d’euros. La Cnav représente un tiers des retraites, donc à la louche on peut estimer que le décalage à 64 ans représente lui près de 36 milliards d’euros.”

“Une étude était parue sur le passage de 60 à 62 ans pour montrer que le coût additionnel, ou le surcoût avec plus de chômage, plus d’invalidité, plus de maladie, représentait 2 milliards d’euros pour l’ensemble des caisses. Donc 12 milliards d’euros de gains pour la Cnav, et 2 milliards de coûts : globalement, c’est une opération positive pour les comptes sociaux.”

Pourquoi la vitesse prévue pour atteindre la borne des 64 ans paraît-elle difficile à absorber pour les entreprises ?

“J’avais fait l’estimation à 65 ans. Sachant que l’on a 600 000 départs à la retraite chaque année, si demain en 2034 on a des personnes qui partent toutes à 65 ans, c’est 1,5 million de personnes que les entreprises vont devoir absorber et payer. Dans certains cas, ce sera très bien, comme par exemple les secteurs avec des pénuries de personnel comme nos maisons de luxe, notre hôtellerie-restauration. Mais il ne faut pas se leurrer, et on le remarque autour de nous depuis des années, qu’il y a beaucoup d’entreprises en France qui ont tendance à ne pas utiliser les seniors tels qu’ils pourraient les utiliser (via des plans de départ notamment). Sur une période aussi courte, nos entreprises n’ont pas pris la mesure de ce que c’est d’absorber 1,5 million de personnes. Dans le quinquennat qui vient de s’écouler, où le chômage a entre guillemets “disparu”, il y a eu 1,2 million créations d’emploi et c’est considérable, et c’était dans une période relativement faste. 1,5 million de seniors : je pense que c’est beaucoup et très rapide comme rythme.”

Quelles sont les alternatives pour se préparer au départ à la retraite ?

“Il y a aujourd’hui près de 500 000 cumul emploi-retraite salariés. 95 % des mes clients qui ont pris leur retraite ont tous créé leur activité, soit en SARL, soit en auto-entrepreneur et ils facturent des honoraires, et cela se passe très bien pour eux. Ils travaillent moins, à leur rythme. Ils ont des revenus qui leur suffisent parce qu’ils n’ont plus besoin de gagner autant que dans leur ancien métier. Cette volonté d’indépendance qu’on remarque davantage chez les jeunes, dans l’IT, etc… on a le symétrique de l’autre côté, à 60 ans de personnes qui ont envie d’avoir cette liberté (plus de lien de subordination, de hiérarchie) et qui sont très contents de travailler.”