Dois-je liquider ma retraite avant l’élection présidentielle ? Que dois-je attendre de la réforme des retraites ? Faut-il attendre de partir à 67 ans, lorsqu’il nous manque des trimestres ? En tant qu’avocat, comment puis-je faire pour continuer à faire augmenter ma retraite ?
Emmanuel Grimaud, président-fondateur de Maximis et simul-retraite.fr a eu le plaisir de répondre à ces questions, toujours d’actualité, lors de son intervention sur le plateau de BFM Bourse sur BFM Business.
“La réponse est non. Est-ce qu’il y aura une réforme après ? Oui, quoi qu’il arrive, et quelle que soit le/la président(e) qui sera élu(e), ou la majorité au Parlement. Effectivement, il y aura probablement une réforme plutôt paramétrique que systémique, qui entraînera une hausse de la durée d’activité requise pour pouvoir prendre sa retraite à taux plein. Mais il y a une règle depuis 2003, qui prévoit que les règles sont fixées en fonction de votre date de naissance et non pas de la date à laquelle vous prenez votre retraite. Autrement dit, si quelqu’un, né en 1958, peut liquider parce qu’il a largement dépassé l’âge, les règles ne seront pas différentes pour lui en 2022, comparé à 2021.
Il y a un point qui pourrait changer : c’est la possibilité de racheter ses trimestres, qui aujourd’hui est une possibilité très intéressante. Rien ne garantit que ce dispositif restera en l’état, et à des tarifs aussi intéressants après la présidentielle. S’il y a un sujet sur lequel il faudrait se dépêcher d'agir serait donc le rachat de trimestres. Mais sur le fait de liquider sa retraite maintenant, dans 6 mois, dans un an, la réforme ne change pas grand chose.
Le rachat de trimestres n’est pas abordé par les programmes de campagne, parce que ce n'est pas une question bien perçue ou comprise. Aujourd’hui le rachat de trimestres est un avantage assez exceptionnel, qui donne des rendements qui peuvent atteindre 15% sur 20-30 ans perpétuels. L’avantage du dispositif pourrait être limité, ou le prix de rachat pourrait augmenter fortement.
“Une chose est vraie : à 67 ans, tout le monde a le taux plein, quel que soit le nombre de trimestres validés. Que vous en ayez 20, 40, 60, 140; à 67 ans le taux plein est bon pour tout le monde. Sauf que ce n’est pas forcément la bonne stratégie. Et malheureusement, la moitié des assurés qui attendent 67 ans pour bénéficier des règles du taux plein, sont des personnes qui n’ont pas travaillé depuis 20-25 ans. Pourquoi attendent-ils aussi longtemps ? Pour liquider leur retraite à 67 ans.
Sauf qu’en faisant un calcul, on s’aperçoit que ce n’est pas aussi simple. “Admettons que François ait une retraite de 40 000 € par an. Il lui manque une dizaine de trimestres à 65 ans. En partant tout de suite, il va perdre environ 4 000 € sur sa retraite tous les ans. Sauf qu'en liquidant tout de suite, deux ans et demi plus tôt (équivalent de 10 trimestres plus tôt), il percevra déjà 40 000 € x 2,5, soit 100 000 euros d’ici ses 67 ans.
Qu’est-ce que vous préférez ? Avoir sur votre compte en banque 100 000 euros dans les deux années (et demi) qui viennent ? Ou renoncer à ces 100 000 euros et être plus riche de 4 000 € par an, à partir de 2025 (pendant 10, 20 ou 30 ans) ? En plaçant les 100 000 € sur un placement à 4%, François aura largement gagné en liquidant sa retraite tout de suite.
Attendre c’est souvent une fausse bonne idée, comme le fait d’attendre le taux plein.”
“C’est un grand classique chez les avocats, et les professions libérales en général, de ne pas faire confiance à sa caisse de retraite obligatoire (la CNBF ici), et de privilégier un investissement dans un placement type Madelin, ou PER.
Là encore, attention ! L’enjeu ce n’est pas de savoir combien ça coûte, mais de savoir combien ça rapporte.
Pour 1 000 € placés à la CNBF, combien je vais générer de rente à terme ? Là, on peut avoir pas mal de surprises. On avait fait, il y a quelques années, une étude pour un avocat qui lui permettait de générer le double de rente en cotisant à la CNBF plutôt qu’en cotisant pour un produit Madelin à l’époque.
Sachant qu’en plus, il peut y avoir des frais associés à l’épargne retraite qui peuvent être importants : des frais de services de la rente qui peuvent monter jusqu’à 3%. Là encore, il ne faut pas s’arrêter sur “la caisse du barreau me coûte très cher, je vais me faire mon épargne”. Il est important de regarder combien rapporte chaque option. Et surtout attention à bien valider les trimestres, qui sont au cœur du système.”
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Ecrit par la rédaction de Simul-retraite.fr