Départ anticipé : que va-t-il advenir des carrières longues ?

Le président de la République, Emmanuel Macron, l’a confirmé lors d’une allocution le 12 juillet dernier : les concertations au sujet de la réforme des retraites reprennent avec la rentrée 2021.

Dans l’actualité de cette rentrée, voici une occasion supplémentaire pour aborder le cas particulier des départs anticipés au titre de la carrière longue.

Les carrières longues vont-elles disparaître ? Des changements sont-ils à prévoir pour les personnes proches de la retraite ?

Une raréfaction inévitable des carrières longues

Une raréfaction inévitable des carrières longues

Voici un bref rappel du dispositif.

Mis en place depuis 2003, le dispositif de départ anticipé au titre de la carrière longue permet sous certaines conditions de bénéficier d’un départ à la retraite avant 62 ans : à 58 ans ou 60 ans selon les cas.

Le dispositif a donc été mis en place en 2004, mais a connu des assouplissements sous la présidence de François Hollande.

Afin de bénéficier du dispositif, les assurés doivent avoir validé un certain nombre de trimestres. Par exemple, une personne née en 1967 devra valider 4 ou 5 trimestres avant la fin de l’année de ses 20 ans et 170 au terme de sa carrière pour bénéficier d’un départ à 60 ans. Si cette même personne souhaite partir à 58 ans, il devra valider 4 ou 5 trimestres avant la fin de l’année de ses 16 ans et 178 au total.

Pourquoi la Sécurité Sociale prévoit une baisse des carrières longues ?

Les départs anticipés pour carrière longue ont été plébiscités par les Français : avec un pic de 180 000 départs anticipés en 2017. Cependant, il devrait avoir tendance à se raréfier.

Les Echos nous fournissent des données révélatrices : d’ici 2035, le quotidien estime près de 40 000 départs anticipés par an.

“Selon la Commission des comptes de la Sécurité Sociale, alors qu’environ un quart des assurés nés entre 1955 et 1957 ont pu partir plus tôt grâce à un dispositif carrière longue, cette proportion ne serait plus que de 5% à partir de la génération 1973.”

Les Echos

La chute du nombre de départs anticipés est donc marquée.

Cette disparition annoncée des carrières longues tient à l’effet conjugué de deux paramètres :

• un allongement de la durée de cotisation nécessaires pour profiter du dispositif (avec notamment un passage de 42 à 43 annuités en 2014)
• une entrée tardive sur le marché de l’emploi

Afin de bien comprendre la situation, prenons l’exemple des assurés nés en 1973. En supposant une entrée sur le marché du travail à 17 ans, ces assurés devront n’avoir connu aucune période d’interruption de carrière pour pouvoir partir à 60 ans.

Ces assurés devraient travailler sans discontinuité jusqu’à l’âge de la retraite : ce qui complexifie largement l’accession à ce dispositif de préretraite.

“J’ai 54 ans, dois-je m’inquiéter pour mon départ en carrière longue à 60 ans ?”

Compte tenu d’une situation incertaine au sujet de la réforme des retraites, et l’attachement des futurs retraités au dispositif de départ anticipé (pour les éventuels bénéficiaires); certains s’inquiètent de ne plus pouvoir en bénéficier.

Si nous n’avons pas de réponse précise avant la reprise des concertations, faisons le point sur les éléments connus.

• “J’ai 57 ans en 2021 et souhaite partir à 60 ans” Comme indiqué depuis le rapport Delevoye en 2019, la réforme des retraites ne concernerait que les générations nées à partir de 1963 et “qui seront à plus de 5 ans de leur départ en retraite au moment du vote de la loi”.
  
  Si la réforme entre en application en 2022, aucune retraite ne sera donc impactée par la réforme pour tout départ avant 2027. Plus le vote de la réforme met de temps à être finalisé, c’est d’autant plus de générations qui ne seront pas concernées par la réforme. En raison d’une année d’arrêt en raison de la crise épidémique, on peut donc conclure que la génération née en 1964 ne sera pas non plus concernée par la réforme des retraites.
  
  
• “J’ai 54 ans en 2021 et souhaite partir à 60 ans”. En tout état de cause, les générations nées à partir de 1965 seraient donc bien concernées par une transition dans le régime universel par points. De quoi redouter de ne plus pouvoir partir à 60 ans ? Aucune information ne permet d’être affirmatif en cette rentrée 2021.
  
  D’après le projet de loi enregistré à l’Assemblée Nationale le 24 janvier 2020, le gouvernement dit se conformer à ses engagements en modifiant pas l’âge minimal de départ à la retraite fixé à 62 ans. L’article 23 du projet de loi précise que “cet âge minimal de 62 ans autorise toutefois des départs anticipés pour les assurés qui ont connu des carrières longues, des métiers pénibles ou qui sont en situation d’incapacité permanente”.
  
  Le rapport Delevoye ne donne pas de réponse précise sur ce qu’il va advenir aux “carrières longues” proches de la retraite au moment de la mise en place du système universel de retraite.
  
  Cependant, le rapport a tenu un engagement qui devrait rassurer les départs en carrière longue avant 2030 : le dispositif de carrière longue serait donc bien maintenu et les “critères pour le bénéfice de ce dispositif seront inchangés”.

“25% des assurés bénéficient actuellement du dispositif de carrière longue. Le système universel leur garantira la possibilité d’un départ à 60 ans.”

Rapport Delevoye

Quoi qu’il en soit, les concertations entre le gouvernement et les partenaires sociaux reprennent avec la rentrée de septembre. Simul-retraite.fr suivra toutes les évolutions au sujet de la réforme des retraites.