Malus temporaire Agirc-Arrco : qui est concerné depuis sa mise en place ?

C’est une disposition importante pour le calcul de votre pension de retraite : le malus temporaire Agirc-Arrco est entré en vigueur au 1er janvier 2019.

Qu’est-ce que ce coefficient de solidarité implique pour le calcul de la retraite ? Qui a subi ce malus depuis sa mise en place ?

Une minoration temporaire de - 10 % qui a concerné près de la moitié des nouveaux retraités

Ce que le malus temporaire Agirc-Arrco implique

Pour assurer la soutenabilité financière de l’Agirc-Arrco, en proie à des années de déficit pendant la décennie 2010, la caisse complémentaire de salariés du privé a souhaité mettre en place une nouvelle mesure pour inciter les assurés à retarder leur départ à la retraite.

Afin d’amener ses assurés à travailler (et cotiser) plus longtemps, l’Agirc-Arrco a donc trouvé une solution. La caisse complémentaire applique un malus sur le montant de votre pension si vous liquidez votre retraite l’année où vous bénéficiez du taux plein.

L’objectif de l’Agirc-Arrco en incitant les assurés à prolonger leur activité professionnelle était de faire une économie de 500 millions d’euros par an (dans un plan global de 6 milliards d’économies à l’horizon 2020, signé suite aux négociations avec les syndicats en 2015).

Exemple : vous avez acquis votre nombre de trimestres requis l’année de vos 63 ans pour bénéficier des règles de calcul à taux plein. Si vous partez à cet âge là, votre retraite Agirc-Arrco se verra imputer un malus de 10 % sur les 3 premières années de la retraite. Ainsi, votre retraite complémentaire serait diminuée de 10% à vos 63 ans, 64 ans et 65 ans. A partir de 66 ans, vous ne subiriez plus cette décote temporaire.

En retardant votre départ d’une année, aucun malus temporaire ne vous sera appliqué (dans la mesure où vous avez bien validé les conditions pour bénéficier d’une pension calculée à taux plein).

Qui est concerné(e) par le malus temporaire ?

Pour savoir si vous êtes concerné(e) par la mesure, vous devez remplir deux conditions cumulatives : bénéficier du nombre de trimestres minimum requis pour profiter d’une retraite Agirc-Arrco calculée à taux plein, entre 166 trimestres et 172 trimestres selon votre année de naissance. être né(e) à partir du 1er janvier 1957

A noter

Les retraité(e)s modestes, exonérés de CSG ne sont pas concernés par ce dispositif de minoration temporaire.

4 options face au malus temporaire Agirc-Arrco

1. Partir à la retraite avant mon taux plein : Si vous ne prenez pas votre retraite à taux plein, le montant de votre retraite complémentaire sera diminué par l’application d’une minoration de manière définitive non cumulable avec le malus temporaire. 
   
   
2. Partir à la retraite à taux plein : Vous demandez votre retraite complémentaire à la date à laquelle vous bénéficiez du taux plein au régime de base. Une minoration de 10 % pendant 3 ans s’applique au montant de votre retraite complémentaire. La retraite cesse d’être minorée automatiquement lorsque vous atteignez l'âge de 67 ans.
   
   
3. Partir à la retraite un an après mon taux plein : Vous demandez votre retraite complémentaire au moins 4 trimestres plus tard, soit au moins 1 an après la date à laquelle vous bénéficiez du taux plein au régime de base. La minoration ne s’applique pas. Vous bénéficiez de la totalité de votre retraite complémentaire.
   
   
4. Partir à la retraite au moins 2 ans après mon taux plein : Vous demandez votre retraite complémentaire au moins 8 trimestres plus tard soit au moins 2 ans ou plus après la date à laquelle vous bénéficiez de votre retraite de base au taux plein. Un bonus sera appliqué pendant 1 an sur vos montants de retraites complémentaires : 10 % si vous décalez votre départ à la retraite de deux années par rapport à la date du taux plein, 20 % si vous décalez de trois années, 30 % si vous décalez de quatre années.

Près de la moitié des nouveaux retraités depuis 2019 ont subi la minoration temporaire

La Drees, révèle dans son étude parue début juin, que parmi 370 000 nouveaux retraités bénéficiaires d’une pension Agirc-Arrco en 2019, près de la moitié sont partis avec un coefficient minorant de 10 %. Une minoration qui concerne autant les hommes que les femmes.

Parmi les 50 % de bénéficiaires restants, près de 30% n’ont pas été concernés par la mesure car dispensés de malus : en raison d’une exonération de CSG, des départs anticipés pour handicap, pour les bénéficiaires de l’Allocation Adulte Handicapé (AAH).

Seuls 13 % des assurés n’ont pas subi de malus temporaire en raison d’un départ à la retraite repoussé un an après. Il apparaît donc que peu d'assurés ont choisi de poursuivre leur activité professionnelle pour éviter ce malus. Les assurés ont privilégié une année de retraite supplémentaire même si elle implique une décote de 10% sur la pension Agirc-Arrco pendant les 3 premières années.

Enfin, 8 % des assurés ont quant à eux subi une décote définitive, faute d’avoir réuni les conditions pour bénéficier d’une retraite calculée à taux plein. Il s’agit là donc d’assurés aux carrières incomplètes, à qui ils manquaient des trimestres d’assurance retraite validés.

En somme, si la mesure financière de l’Agirc-Arrco est ambitieuse, il semblerait qu’elle n'ait pas entraîné de changement de comportement de la part des assurés.

Rappel du conseil simul-retraite

Il est souvent plus intéressant de bénéficier de sa retraite directement à son taux plein et de subir une minoration de 10% pendant 3 ans que d’attendre 2 ans après le taux plein et de bénéficier d’une majoration de 10% pendant 1 an.

[ À LIRE AUSSI ] 

TUTO : calculez votre future retraite à l'euro près 

Comment faire face à la baisse du pouvoir d'achat des retraités ?