À la veille de la mobilisation interprofessionnelle du 5 décembre, Édouard Philippe s'est dit prêt à reculer la date d'application de la réforme. Emmanuel Grimaud réagit à l'intervention du Premier ministre et fait le point sur l'actualité de la réforme des retraites et le futur mode de calcul des pensions.
"Beaucoup de messages sont passés. A savoir : on reste calme et déterminé. On va faire la réforme des retraite. On va mettre tout le monde dans le même bain où 1 € cotisé rapportera la même chose. On ne transige pas sur ce sujet-là. On a entendu les demandes des partenaires sociaux sur les enfants, les réversions, la pénibilité, les carrières longues, le cumul emploi-retraite ...
Il y a eu de l'écoute avec des concessions.
Au final, cela reste très proche du rapport Delevoye, annoncé en Juillet dernier."
Emmanuel Grimaud
"Il n'y a pas d'autre possibilité que d'étaler dans le temps l'introduction de la décote de - 10 %. Cela revient à dire qu'on passe un peu sur le paramétrique (modification de l'âge légal, de la durée de cotisation, et du montant des pensions). Le systémique est tellement plus important !
Le systémique c'est la réforme du siècle probablement.
Pour moi, parasiter [l'application du régime universel] avec un sujet de "comptable", même si c'est quelques milliards, ce n'était pas une bonne idée. On brouille le message."
Emmanuel Grimaud
"Nous avons mis en place sur notre simulateur la possibilité de calculer pour chacun, la retraite si le système ne changeait pas, et la retraite avec la réforme Delevoye telle qu'elle est présentée dans le rapport de Juillet.
On a tous les paramètres pour la calculer. Quand le Président dit qu'on a pas tous les éléments pour [réaliser des simulations], on a en fait 98 % des paramètres nécessaires pour calculer [les retraites dans le futur système universel]. On se rend compte que les différences ne sont pas considérables : il y a parfois des gagnants, il y a parfois des perdants.
Globalement, la réforme favorisera toutes les personnes pénalisées dans le système actuel : les femmes, les précaires, les carrières atypiques. [...] Pour moi, cette réforme est juste et nécessaire".
Emmanuel Grimaud