[ VIDEO ] RATP, SNCF, EDF : des régimes très spéciaux.

jeudi 28 novembre 2019

Discussion entre Emmanuel Grimaud et Pascal Perri sur "Perri Scope" (LCI)

[ VIDEO ] Emmanuel Grimaud, président fondateur de Maximis et simul-retraite.fr, était l'invité ce lundi du journaliste Pascal Perri sur l"émission d'LCI : "Perri Scope"

25 minutes d'entretien sur l'actualité de la réforme des retraites, l'enjeu particulier des régimes spéciaux ainsi que la mobilisation interprofessionnelle du 5 décembre prochain. 


"On ne peut pas éliminer le poids de l'histoire, mais on peut repenser les systèmes" P. Perri



Crédits : Émission Perri Scope - LCI - Replay lundi 25 novembre 2019


Quatre points de discussion à consulter :

  • Faut-il appliquer la clause du grand-père * pour les assurés des régimes spéciaux ?

    * La clause du grand-père où l'application d'une réforme pour les nouveaux entrants sur le marché du travail. 

    Pascal Perri : "Un entre-deux serait possible. Je me suis laissé dire que les droits SNCF sont acquis pour les roulants à partir de 17 années de cotisation. Le détail est important. 20 années pour ceux qui ne sont pas roulants, les agents sédentaires. Un certain nombre de syndicats pourraient accepter une espère de "demi-clause du grand-père * ". Tous les roulants qui ont 17 ans de droits cumulés et 27 ans pour les non-roulants, continueraient de bénéficier du régime spécial. Pour les autres, on passerait à la clause de droit commun", ou l'application de la réforme en même temps que les autres actifs français (à l'horizon 2040).

    Emmanuel Grimaud :
    "17 ans pour les roulants : cela concerne les assurés qui ont 40 ans aujourd'hui qui ont le droit de partir probablement vers 55 ans. Cela fait une quinzaine d'années de transition. On retrouve le projet Delevoye. Il faudra une quinzaine d'années pour opérer la transition quel que soit le régime".

  • RATP - SNCF - EDF : régimes très spéciaux

    Pascal Perri : "En 2017, le déficit des régimes spéciaux atteignait 5,5 milliards d'euros. Pourquoi y a-t-il cette contribution publique ? Parce qu'il y a un déséquilibre démographique. Il y a beaucoup d'ayants droits, de retraités par rapport aux nombres d'actifs. A la SNCF, il y a aujourd'hui 152 000 actifs pour plus de 270 000 retraités".

    Emmanuel Grimaud : "Les chiffres sont effrayants, en terme de poids des déficits et du déséquilibre de la pyramide démographique. On parle beaucoup des réserves dans les autres régimes. Dans un autre régime l'État aurait dû faire des réserves pour anticiper cette pyramide démographique, ce qui entraînera des déficits futures encore plus importants. On constate aussi [dans les régimes spéciaux] qu'il y a des montants de retraites largement supérieurs aux montants des retraites dans le privé".

    A retrouver dans le deuxième partie ci-dessous : la comparaison des chiffres sur la situation des régimes spéciaux et de la fonction publique

  • Retraites : le gouvernement cherche le sens du vent

    Pascal Perri :  "Avec la réforme des retraites, on ne sait pas toujours où le gouvernement veut aller. Ne manque-t-il pas de la clarté dans ce projet ?"

    Emmanuel Grimaud : "C'est ça qui est assez paradoxal. L'objectif est d'aller vers un système plus clair, plus simple, plus lisible; mais on part d'un système tellement compliqué où le calcul des retraites est complexe. Beaucoup sont aujourd'hui incapables de calculer une retraite. Le nouveau système il peut être plus juste et efficace. Il faut le répéter car on entend souvent le contraire et c'est totalement faux : ce système va mieux protéger les femmes, les précaires, les carrières atypiques et les poly-pensionnés", (les jeunes étant les principaux concernés par ce dernier point). 

  • Et si on remettait ça à 2022 ? 

    Pascal Perri : "Si on arrivait en 2025 avec quelques milliards d'euros de déficit, est-ce que c'est dramatique ?"

    Emmanuel Grimaud : "Je pense que non. D'abord, depuis 15 ans que je m'intéresse au sujet, je constate que les prévisions sont en général plus mauvaises, plus pessimistes que les résultats. Je vous rappelle qu'on avait 2 milliards d'euros d'excédents à la CNAV (le régime général) il y a deux ans, et que l'ARRCO-AGIRC devrait être en excédent cette année alors qu'elle était à 6,5 milliards d'euros de déficit il y a, à peu près 5 ans. Ensuite, 10 milliards d'euros c'est 0.3 % du PIB. Si ça devait être le cas, il est bon de rappeler que le déficit de 10 milliards d'euros de 2010 a été résolu en 6 ans.

    Deuxièmement, je pense que le fait de mélanger le sujet de l'équilibre financier, et le sujet de la réforme systémique; brouille le message. Cela a un effet néfaste pour la perception des français. Ils peuvent penser que cette réforme n'apportera que du négatif. [...] Je pense qu'on aurait pu garder la réforme systémique qui est nécessaire, qui est inévitable et qui est bénéfique pour le pays et pour les salariés. Nous ne sommes pas à l'abri d'une bonne surprise avec de la croissance, le chômage qui baisse ...".

    La question de l'équilibre financier aurait donc pu être reportée à plus tard.


Montant des pensions : la différence entre les régimes spéciaux et la fonction publique


Selon le dernier rapport de la Cour des comptes (juillet 2019), les assurés des régimes spéciaux bénéficient de pensions bien supérieures à celles d'une autre catégorie supposée privilégiée : les fonctionnaires. 


A noter

Tous les montants précisés ici sont des moyennes exprimées en brut, pour des carrières complètes.


A carrière complète, les assurés qui sont partis à la retraite en 2017, ont connu une pension moyenne brute de :

  • 3 705 € / mois à la RATP pour un âge moyen de départ de 55,7 ans

  • 3 592 € / mois aux IEG pour un âge moyen de départ de 57.7 ans

  • 2 636 € / mois à la SNCF pour un âge moyen de départ de 56,9 ans

  • 2 206 € / mois pour la fonction publique d'État pour un âge moyen de départ de 61,3 ans

Malgré les avantages que connaissent les fonctionnaires *, ces chiffres de la Cour des comptes démontrent le déséquilibre entre les régimes de retraite. Les assurés des 3 régimes spéciaux cités ci-dessus, ont des pensions supérieures à celles du public ET un départ moyen 4 voire 6 ans plus tôt que pour les fonctionnaires. 

* Les fonctionnaires compensent leurs faibles évolutions de salaire (au fil de la carrière) pour une retraite plutôt attractive, via la prise en compte des 6 derniers mois dans le calcul des pensions



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