#VendrediLecture : Retraites - La dernière chance

vendredi 29 novembre 2019

Nous avons lu pour vous le dernier ouvrage de Pascal Perri sur les retraites françaises et l'enjeu du régime universel

"Notre modèle actuel de retraite est non seulement à bout de souffle, mais totalement injuste. Et pourtant, les conservateurs de droite comme de gauche veulent le maintenir à tout prix.

On peut truquer les chiffres, noyer les déficits dans l'impôt, nier le vieillissement de la société : faute de refondre ce modèle, l'évolution démographique le fera exploser." 

Simul-retraite.fr a lu le dernier ouvrage de Pascal Perri.
Découvrez dans cet article les 2 principaux axes de réflexion de l'animateur de "Perri Scope" (LCI) : le système de #retraite actuel et tous les enjeux de la réforme des retraites engagée par le gouvernement Philippe.


Les défauts du système actuel


Des chiffres révélateurs sur la démographie 

Trois chiffres précisent le défi démographique qui se profile pour le financement des retraites françaises.

  • L'espérance de vie à la retraite
    Après le départ à la retraite, l'espérance de vie est passé de 5 ans en 1950 à plus de ... 28 ans en 2018 !
    Une espérance de vie à la retraite qui s'allonge c'est aussi des besoins de financements plus importants. 
    Le point sur l'espérance de vie en bonne santé.

  • L'âge moyen de départ en retraite
    L'indicateur est passé de 61 ans en 2007 à 62,8 ans en 2018, soit un recul de l'âge moyen de départ de 2 ans sur la dernière décennie. 

  • Le ratio cotisants / retraités 
    C'est le facteur essentiel pour juger l'équilibre financier d'un régime de retraite.

    En 1960, 4 actifs cotisaient pour un retraité dans le régime général français. 
    En 2016, le ratio est tombé à 1,4 cotisant pour un retraité : 17,8 millions d'actifs cotisent aujourd'hui pour financer la pension de 14,35 millions de retraités.

    Selon Pascal Perri, le risque à venir est qu'en "2050, la France se rapprochera dangereusement du statut critique 1-1".
    Un ratio d'un actif pour un retraité représente un risque majeur pour le financement des retraites et/ou pour le montant moyen des pensions (qui serait donc amené à baisser mécaniquement).

    De plus, l'économiste juge l'impact des régimes spéciaux pour l'équilibre des retraites françaises.
    Et pour cause, parmi les 12 régimes spéciaux les plus populaires (SRE, IEG, RATP, Marins, miniers... ), un seul régime spécial présente un nombre de cotisants supérieur au nombre de pensionnés : les fonctionnaires territoriaux et hospitaliers (CNRACL).



Le point sur les régimes spéciaux


Pascal Perri critique des régimes spéciaux qui ne correspondraient plus aux réalités du monde du travail, et qui couteraient cher aux contribuables français. Selon lui, "ces régimes ont eu toute légitimité à leur naissance et pendant longtemps mais sont aujourd'hui une insulte au principe d'égalité."

Quelques idées à retenir :

  • "140 000 cotisants à la SNCF pour 260 000 retraités. Le train véritable élixir de longue vie, maintient en forme et en bonne santé ! L'épopée du chemin de fer à vapeur est derrière nous. Le conducteur de train, fort heureusement, ne meurt plus en moyenne à 52 ans."

  • "Certains régimes sont tellement exigeants en termes de financement que l'État doit cotiser par une "subvention d'équilibre" à hauteur de 75 % des pensions civiles et 135 % des pensions militaires."

  • "Comme le rappelait avec justesse le magazine Challenges du 19 décembre 2013, "un fonctionnaire, c'est 42 ans de carrière, 21 ans de retraite et 10 années de réversion". Au total, la création d'un emploi de fonctionnaire coûte en moyenne 3,5 millions d'euros en incluant les salaires bruts avec charges, les retraites et réversion sur environ 75 ans."


"Comment traiter de la même façon des populations très restreintes engagées dans des fonctions artistiques et les quelques 140 000 cheminots de la SNCF ? Le régime par points fera des gagnants et des perdants mais il doit tenir compte de ceux qui auront le plus à perdre."

Pascal Perri



Comprendre les enjeux de la réforme


Si Pascal Perri prend ses distances avec la réforme des retraites engagée par Emmanuel Macron, il démontre dans son ouvrage "comment la retraite par points conserve une dimension solidaire, comment elle réactualisera le contrat social et favorisera une collaboration juste entre les générations".


Selon l'auteur, quels sont les avantages de la réforme ? 

"Selon le Conseil d'Orientation des Retraites (COR), les pensions moyennes vont baisser par rapport aux revenus moyens autour de 2070. [...] Avec le système par points, on évoluera vers l'individualisation de la prestation servie. La valeur du point étant connue et révisable sur des bases rationnelles, la retraite deviendra plus lisible, plus prévisible; mais sans doute moins généreuse, si la réforme tend vers l'uniformisation des cotisations. [...] La retraite perdra en solidarité ce qu'elle gagnera en équité."

"Les pensions des 10% les plus défavorisés devraient augmenter de façon très substantielle (+ 50% selon les projections du COR) et celle des 10% les plus riches devraient baisser de quelques points. [...] La réforme Macron n'est pas antisociale, elle est au contraire presque socialiste."


L'auteur met en avant 3 types de solidarité que la réforme va induire :

  1. Entre les plus riches et les plus défavorisés

  2. Entre les carrières linéaires et les carrières atypiques

  3. Entre les hommes et les femmes

    Les femmes âgées de 65 à 69 ans percevaient une retraite de 36% inférieure à celle des hommes au début des années 2010.
    Pour limiter cette inégalité de genre, le rapport Delevoye prévoit de nouvelles dispositions concernant les majorations pour enfants et les réversions, qui bénéficieraient principalement aux femmes. Pascal Perri se positionne sur le même avis que le Haut-commissaire aux retraites.

    Selon lui, "les avantages accordés aux mères de famille doivent être renforcés. Les femmes qui représentent 50 % de la population, sont encore mal traitées sur le terrain des revenus. [...] D'où le principe [...] de faire bénéficier les Françaises de mesures d'aide dès le premier enfant."

La question de l'âge pivot

Pascal Perri considère que la détermination de cet âge pivot va "[opérer] une redistribution incontestable entre ceux qui auront eu des carrières stables et ceux qui auront rencontré des difficultés professionnelles".

"La borne [que constitue l'âge pivot] doit rester portative. Si l'espérance de vie continuait de croître, il conviendrait de relever l'âge d'équilibre . C'est l'application de la "règle d'or" pour piloter le système dans le temps et maintenir l'équilibre financier de nos régimes sur une longue période. [...] Si le volume de travail et de cotisations versées n'est pas suffisant, la valeur du point baissera."

Découvrez-en davantage sur la réforme des retraites dans son ouvrage "Retraites : La dernière chance" : les points, les taux de cotisation, le cas des carrières longues, la nature de la dette publique, etc...






Ce que vous pourrez retrouver dans l'ouvrage critique de Pascal Perri


L'auteur évoque également différents thèmes :  

  • la question du financement des retraites

  • la naissance de la sécurité sociale

  • l'historique des réformes des retraites engagées depuis 1990

  • les tentatives de réformes des régimes spéciaux

  • les pensions de réversion

  • la capitalisation 

  • Et bien plus ...

Vous pourrez en apprendre plus sur tous ces points en lisant le journaliste de LCI dans "Retraites : la dernière chance" aux éditions L'Archipel.



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