[ Débat ] Ce que pensent les Français de la réforme des retraites - Partie 2

jeudi 7 novembre 2019

Partie 2 : Ce que souhaitent les professions libérales

#LaGrandeConfrontation : le débat du mercredi 9 octobre, retransmis sur LCI, opposait Jean-Paul Delevoye à 10 actifs français. Alors, que retenir de ces 10 interventions ? 

Dans cette deuxième partie, trois profils pour comprendre les revendications des professions libérales.


Quelques informations avant de découvrir ces profils 

  • Tous ces profils ne représentent pas forcément la réalité de chaque profession. 
    S'ils ne sont totalement représentatifs, les réflexions de chacune de ces personnes sont utiles pour tester l'adaptabilité du rapport Delevoye.

  • Vous pouvez aussi lire ci-dessous les cas qui vous intéressent le plus, et regarder un passage en particulier.
    Nous vous indiquons les minutes pour vous simplifier le visionnage. 

  • Consultez les autres interventions au cours de ce débat :
    Partie 1 : Les fonctionnaires et régimes spéciaux
    Partie 2 : Les professions libérales
    Partie 3 : Les cadres 
    Partie 4 : Les métiers pénibles 

Regardez maintenant la Grande Confrontation en intégralité.


Professions libérales


Infirmière libérale [ 21 min * ]

* A visionner à la 21ème minute du replay LCI


Le profil

Peggy d'Hahier est infirmière libérale à St-Maur des Fossés dans le Val-de-Marne. 
Elle travaille 80 heures par semaine, 7 jour sur 7. Son revenu se situe entre 3 500 € et 4 000 € par mois. 
Elle se dit opposée à la réforme qui selon elle, lui "coûterait cher".

Pourquoi ? 

Ses craintes

"Le Président Macron n'aime pas que l'on parle de pénibilité au travail. En tout cas, si notre métier n'est pas pénible, il est extrêmement difficile ! Et cela devrait être reconnu." 

En tant que libérale, Mme d'Hahier craint que la hausse du taux de cotisation entraîne "une perte de 6% de son revenu".
Selon elle, l'augmentation de ses cotisations entraînerait une perte de revenu du fait d'une hausse de ses charges. Du fait du plafonnement de la prise en charge de ses soins, elle se demande "comment faire pour assumer un doublement des cotisations ? N'assiste-t-on pas à une "uberisation" de la profession et une fragilisation du système de santé français" ? 


La réponse de Jean-Paul Delevoye

"Sur 3 millions d'indépendants, il y a près de 600 000 libéraux. Nous allons passer le taux de cotisation de 14 % à 28 %. Notre raisonnement est que si on veut faire passer tout le monde à 28 %, nous devons trouver avec les syndicats un chemin profession par profession pour qu'il n'y ait pas d'impact sur votre équilibre économique".

Nous comprenons que le Haut-commissaire se réfère au niveau de vie des actifs.


Médecin de province [ 50 min ]


"Vous avez deux matinées de consultations par semaine, une permanence dans une maison de retraite ...

Quand on fait ce type de métier, est-ce que ce n'est pas difficile de travailler ?
N'avez-vous pas envie de vous reposer ?

David Pujadas


Son profil

Christian Chenet est âgé de 98 ans. Il exerce toujours sa profession de médecin dans un désert médical (à Chevilly-Larue dans le Val-de-Marne).

Le médecin voit dans sa retraite une opportunité de rester actif, de "faire quelque chose". Il travaille donc pour le sentiment d'utilité et pour le lien social qu'il continue d'entretenir avec ses patients. 

Découvrez pourquoi le prolongement de l'activité (salarié ou en bénévolat) est essentiel pour les seniors.

"La façon dont les infirmières sont traitées en France est vraiment inadmissible."

Le médecin de 98 ans est logiquement favorable au prolongement de l'activité prévue dans le rapport Delevoye (avec l'âge pivot de 64 ans).
Ceci dit, ses craintes portent sur la prise en compte de la pénibilité pour les métiers les plus difficiles. 

Il défend la situation des infirmières qui seraient lésées selon lui. Il reproche au statut du métier d'infirmière de mal prendre en compte la pénibilité.

"Les colonnes abîmées, j'en vois dans deux catégories : les infirmières et les maçons. [...] C'est un métier extrêmement dur ! Quand elles ont 45 ou 50 ans, on devrait leur permettre de faire autre chose. En médecine, il y a du travail ! On ne peut pas faire le même métier jusqu'à la fin de ses jours", surtout dans ces conditions.

La réponse de Jean-Paul Delevoye

  1. "Dans le régime universel, nous voulons réintroduire au-delà de 64 ans, la possibilité d'un cumul emploi-retraite avec acquisition de droits. Aujourd'hui, vous cotisez à fonds perdus".

  2. "L'allongement de la durée de travail fait que l'on doit réfléchir à la conversion. Il y a des emplois que l'on ne peut pas faire 45 ans.
    La réforme devrait justement simplifier la prise en compte de toutes vos activités grâce à la suppression des 42 régimes de retraites.
    La disparition de toutes ses règles particulières permettent d'avoir une meilleure vision sur sa retraite et donc de préparer plus aisément votre départ à la retraite". 


Avocat pénaliste [ 2h10 ]


Son profil

Jean-Yves Leborgne est un avocat pénaliste de 69 ans. 

Il se dit très méfiant du sujet de la réforme des retraites version Macron. 

"Il faudrait nous laisser tranquille, nous avons notre propre régime de retraite qui fonctionne bien. Les réserves sont largement excédentaires."
Propos rapportés par David Pujadas et approuvés par Me Leborgne.

"Les avocats et un certain nombre d'autres professions libérales [...] ont fait face seuls à toutes les difficultés sociales, a commencer par la retraite. Aujourd'hui, nous avons une caisse de retraite qui marche bien mais qui va aussi bien marcher pendant un certain nombre d'années"


Ses critiques

L'avocat défend le niveau de réserve de la CNBF qui fait que les avocats n'ont "pas besoin de ce système universel dans lequel [ils ne trouveront] aucun intérêt.
 

"Est-ce une raison suffisante pour s'y opposer ? Est-ce qu'au fond vous ne seriez pas en droit de nous dire : "vous, les avocats, les professions libérales, vous êtes des favorisés" ? 
Quand on entend Mme D'Hahier, infirmière libérale, le caractère favorisé ne me semble pas être une absolue évidence".

L'avocat rejette donc : 

  1. Le doublement du taux de cotisation de 14 % à 28 %.
    Ce à quoi répond M. Delevoye en précisant que le doublement du taux de cotisation ne s'accompagnera pas d'une hausse des charges.
    Afin de ne pas augmenter les charges des avocats, le Haut-commissaire prévoit une baisse de quelques points de la CSG. 

  2. L'intégration dans le régime universel
    "Nous sommes un système qui marche bien. Nous n'avons besoin de rien. Nous n'avons pas besoin d'être défendus contre nous-mêmes. Pourquoi ne pas nous laisser dans le statu quo ? Au titre de la solidarité, nous versons environ 100 millions d'euros par an. [...]
    C'est 1 500 € par mois par avocat reversé au régime général. Laissez-nous fonctionner tels que nous sommes. Profitez de notre solidarité nationale que nous offrirons de bon cœur à nos compatriotes sur le terrain de ces 100 millions.
    "


La réponse de Jean-Paul Delevoye

Le Haut-commissaire indique que le régime autonome des avocats est passé d'un ratio de 9 actifs pour 1 retraité, à plus de 4 actifs pour un retraité aujourd'hui. La chute de ce ratio démographique dans les années à venir constitue un argument pour Jean-Paul Delevoye qui précise que les avocats ont tout intérêt à basculer sous le futur régime universel. 

Il prend aussi en exemple le cas des agriculteurs qui bénéficiaient en 1945 au lendemain de la guerre d'une démographie largement favorable, selon lui le résultat est qu'aujourd'hui "85 % des retraites des agriculteurs sont financées par l'impôt". 


"Si vous me demandez de corriger en faveur des femmes des inégalités, je revendique cette dimension politique."

Jean-Paul Delevoye


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