Le Président a lancé jeudi dernier à Rodez, la grande concertation nationale sur le projet de réforme des retraites. Au cours de ce débat et devant plus de 500 français, le président en a profité pour indiquer les "règles d'or" de la réforme.
Que retenir de ces trois heures de débat avec les habitants de Rodez ?
Emmanuel Macron souhaite garantir une valeur de base au point, qui selon lui ne pourra pas être amené à diminuer.
La valeur du point retraite serait aussi revalorisée chaque année en fonction de l'évolution des salaires (plus avantageuse que la hausse des prix).
En effet, selon le cabinet Deloitte, les salaires ont augmenté en 2018 d'un taux médian de 2,3 %.
L'inflation sur la même période a augmenté de 1,7 %.
"[Chaque année] une autorité indépendante dira si les comptes sont à l'équilibre. Et ensuite, c'est un collège composé de parlementaires et de partenaires sociaux qui prendra la décision.
La règle d'or dira qu'on n'a pas le droit de baisser les retraites, il faudra alors demander des contributions supplémentaires aux salariés ou décider de travailler plus longtemps."
Emmanuel Macron
Le Président précise que si le régime universel de retraite n'est pas à l'équilibre financier d'ici 2025, un allongement de la durée de cotisation devrait être considéré.
"Si le COR nous dit : "il manque 8-10 milliards d'euros", on devra dire : "il faut travailler un peu plus longtemps. S'il nous dit "c'est à l'équilibre en 2025", on n'aura pas besoin de faire d'efforts."
Le déficit du régime général et du fonds de solidarité vieillesse (FSV) devrait dépasser 5 milliards d'euros en 2020.
Le COR estime que le montant du déficit devrait atteindre 10 milliards d'euros avant la fin du quinquennat, en 2022.
Même en projetant un taux de croissance (optimiste) de 1,8 % des revenus d'activité, le COR prévoit un retour à l'équilibre d'ici ... 2042 !
L'allongement de la durée de cotisation sera donc sûrement appliqué avant 2025 pour tendre vers l'équilibre financier.
Le rapport Delevoye prévoit de relever le minimum contributif à hauteur de 85 % du SMIC pour les carrières complètes, afin de garantir un certain niveau de pouvoir d'achat des retraités.
Selon le rapport, les principaux bénéficiaires de ce nouveau minimum retraite seront les :
"Fini les retraites à moins de 1 000 € par mois"
Qui en bénéficiera ?
Attention !
Le minimum retraite de 1 000 € concerne donc les salariés avec des carrières complètes.
Le dispositif ne concernera pas les assurés n'ayant pas liquidé leur pension à taux plein.
Ces derniers ne bénéficieront pas du minimum contributif à 1 000 €, mais ils disposeront toujours de l'Allocation de solidarité personnes âgées (ASPA).
Les femmes : principales bénéficiaires
Selon la DREES, "la pension de droit direct des femmes résidant en France est inférieure de 42 % à celle des hommes".
La retraite à 1 000 € devrait aider à lutter contre les inégalités de sexe. En effet, la retraite brute moyenne des femmes était de 1 099 € en 2016.
Avec une pension brute moyenne aussi faible, nul doute que le dispositif de la retraite à 1 000 € profitera davantage aux femmes.
A terme, le dispositif peut servir à réduire les inégalités de ressources entre hommes et femmes à la retraite.
Est-ce un dispositif viable ?
Dernière précision : le directeur général de la CNAV (Assurance Retraite) est optimiste quant à l'application de ce minimum contributif.
Malgré le déficit de la branche vieillesse de la Sécurité Sociale, Renaud Villard se montre confiant sur l'impact financier du dispositif.
"Techniquement ça n'est pas très compliqué d'augmenter le minimum contributif. On sait faire.
Nous n'avons pas fait de projections, rien n'étant encore arrêté. Mais son coût probable ne serait pas incompatible avec l'objectif de retour à l'équilibre de la CNAV".
Renaud Villard - propos recueillis par LeParisien
[ Décryptage #RéformeRetraites ] Le minimum retraite avant / après
Le minimum retraite à 1 000 € : qui pourrait en bénéficier ? Deux exemples chiffrés
Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner avait déclaré à BFM TV en septembre vouloir "[défendre] jusqu'au bout la spécificité du statut des policiers et du statut des gendarmes pour que l'on reconnaisse cette spécificité et que l'on reconnaisse leur droit à un départ plus tôt".
Malgré l'annonce du ministre, Emmanuel Macron a tenu à réaffirmer la disparation de l'ensemble des 42 régimes de retraites. Pas d'exception !
"Il n'y aura plus de régimes spéciaux ! Si nous en gardons un, tout va tomber comme des dominos."
Emmanuel Macron
Les avocats, à l'image de la prise de position de Christiane Feral-Schuhl (présidente de la CNB), ont manifesté en septembre contre le projet de réforme Delevoye.
Si les avocats manifestants craignent l'effet un doublement du taux de cotisation et ses effets sur leur pouvoir d'achat, ceux-ci s’inquiètent aussi pour les réserves financières des caisses. Les réserves des caisses autonomes, dont les 2 milliards d'euros de réserves de la CNBF, vont-elles être fondues dans le régime universel ?
Le président a tenu à rassurer les professions concernées : les réserves financières de leur caisse ne serviront pas à renflouer le système général ou d'autres régimes spéciaux / autonomes (comme la SNCF, la RATP ...).
"Nous ne prendrons pas les ressources des caisses, c'est impossible juridiquement. Cela relève de votre droit de propriété.
[Les réserves financières des caisses] seront utilisées par chacune des professions qui les ont constituées, jusqu'à l'extinction."
Emmanuel Macron interrogé par une avocate.
La présidente de la CNB tempère : "Nos réserves ne peuvent pas servir à équilibrer nos cotisations. Elles sont là pour assurer notre équilibre face aux aléas démographiques."
La pénibilité ne serait plus prise en compte en fonction du statut mais sur la base des conditions de travail "réelles".
Pour en profiter, tous les assurés devraient justifier que leur travail est réellement pénible. La pénibilité se définit sous 3 formes :
Source : INRS
"Les points de pénibilité ne seront plus automatiquement attachés à une entreprise, un secteur ou un statut. Ils seront attribués en fonction du temps de travail pénible.
Celui qui cesse de travailler de nuit n'aura plus de bonus pour l'avenir. Ce sera un système au réel."
Emmanuel Macron
Par exemple, l'ensemble des agents SNCF / RATP, des assurés des IEG, des fonctionnaires de l'État (...) ne pourraient plus profiter du dispositif de pénibilité pour partir plus tôt à la retraite. Les assurés devront justifier que leur activité représente un vrai risque sur la santé. Les assurés de ces régimes profiteront de points retraite seulement pour les périodes d'activités jugées comme effectivement pénibles.
La pénibilité permettrait aux assurés concernés d'être éligibles au départ anticipé tout en gagnant des points bonus pour le calcul des pensions.
Plus d'informations sur le dispositif de pénibilité prévu dans le rapport Delevoye
La concertation devrait aider à définir plusieurs paramètres :
Ecrit par la rédaction de Simul-retraite.fr