Colloque au Sénat sur la réforme des retraites : tout se joue aujourd’hui ?

jeudi 19 avril 2018

Emmanuel Grimaud Président fondateur de Maximis et Simul-retraite.fr a bien voulu endosser la veste de reporter pour nous éclairer sur cette journée au Sénat.





Une transformation sans précédent

 

Actuellement, les régimes de bases sont pour la plupart des régimes d’annuité; les pensions de retraites sont établies en fonction des revenus d’activité et de la durée de la carrière, soit comptabilisées en trimestres.

Les 2 étapes au programme :

1/ Réunifier la trentaine de régimes de retraite déjà existants et créer ainsi un régime unique

2/ Mettre en place un régime par point ou par comptes notionnels.

Une transformation attendue depuis longtemps.Emmanuel Grimaud, Président de Maximis, avait déjà évoqué cette proposition dans sa « Lettre ouverte au futur Président de la République : Retraites, Solution pour un Big Bang en douceur » :

« Pour qu’une réforme de cette ampleur puisse fonctionner, il faudrait en premier lieu qu’elle soit juste, lisible, équitable, gérable, qu’elle ne pénalise pas une catégorie par rapport à une autre. Il faudrait par ailleurs, si on voulait fusionner tous les régimes existants, que les historiques de données (points, trimestres, plafonds) soient accessibles, justes et incontestables. Nous en sommes loin. »

A noté que 2/3 français pensent que le système de retraite du pays est aussi injuste qu’inefficace.



Compte notionnel ou retraite par point ? Le cœur du débat de cette journée


Deux options sont étudiées : le régime par points ou les comptes notionnels. Mais alors quelle différence ?

Dans le régime par point les actifs accumulent des points sur un compte en fonction des cotisations. C’est au moment de prendre leur retraite que les points accumulés sont convertis en pension de retraite en prenant en compte la valeur de rachat du point, fixée chaque année.

Comme l’expliquait Emmanuel Grimaud :

« Les partisans d’un régime unique par points, qui reconnaissent tous qu’il faudra plusieurs décennies voire une génération entière pour migrer du système actuel à un système unique par points suggèrent donc de ne faire rentrer dans le nouveau système que les nouveaux cotisants. Au bout de 45 ans, plus personne n’aura donc connu l’ARRCO et l’AGIRC par exemple et on aura ainsi tous les français dans le nouveau système. Au-delà du fait qu’une telle solution prendrait un demi-siècle pour rentrer en ordre, peut-on imaginer un seul instant que les étudiants et les jeunes actifs accueilleraient à bras ouverts ce nouveau système, inventé pour eux, tout en continuant à financer la retraite (généreuse) de leurs ainés pendant plus de 40 ans ? Parions qu’ils seraient encore prompts à manifester comme à chaque fois qu’on leur offre un nouveau système dédié (CPE, smic jeunes, CDD juniors…), sous prétexte qu’ils en seraient lésés (parfois à tort), sachant qu’en plus ils sont persuadés qu’ils n’auront, eux, pas de retraite dans 50 ans (ce qui est faux). »

Dans le cadre du régime par comptes notionnels, chaque actif peut cumuler un capital virtuel dans un compte individuel. C’est au moment du départ à la retraite que ce capital virtuel se transforme en pension versée. Est prise en compte à ce moment là, l’espérance de vie de la génération de l’assuré.

Quoiqu’il en soit, c’est bien dans les deux cas, un système de retraite par répartition qui demeure. Les pensions sont financées par les cotisations vieillesse prélevées sur la rémunération des actifs.

Pour Emmanuel Macron : "Les deux systèmes intègrent un mécanisme de retour à l’équilibre, contrairement au régime par annuités qui lui reste lié par ses engagements en matière de taux de remplacement qui sont indépendants de l’évolution des ressources du régime

C’est donc bien vers une retraite à la carte vers laquelle la nouvelle réforme tend.

Mais ces transformations pourront-elles vraiment apporter plus d’égalité en matière sociale ?

Enfin et surtout, une question se pose. Comment à l’avenir les salariés et futurs retraités pourront ils prendre leurs décisions ? Question à laquelle répond Emmanuel Grimaud au travers de l’expertise de Maximis RH depuis 15 ans.

Affaire à suivre.

 

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