La CFDT milite toujours pour un régime unique, totalement nouveau

jeudi 21 mai 2015

Interview – Jean-Louis Malys, Monsieur Retraite de la CFDT, premier syndicat français en nombre d’adhérents répond sans détour à nos questions : fusion, majoration pour enfant, avenir des retraites, …


Simul-retraite.fr : La CFDT est-elle toujours favorable à la fusion de l’ARRCO et de l’AGIRC à l’horizon 2020 ? Quels en seraient les impacts et les conséquences selon vous ?

Jean-Louis Malys est secrétaire national de la CFDT, responsable de la politique des retraites : « Le rapprochement de l’ARRCO et de l’AGIRC s’inscrit depuis plusieurs années dans des mesures concrètes : harmonisation des droits familiaux, unification des taux de rendement, création du GIE AGIRC – ARRCO… La fusion des deux régimes est la formalisation juridique de cette convergence, à laquelle la CFDT a toujours été favorable et qui s’inscrit dans le droit fil de notre projet de réforme systémique. Par ailleurs, cette fusion est aujourd‘hui rendue nécessaire par la dégradation rapide des comptes de ces régimes.

Mais il ne s’agit pas d’un simple « copier-coller » des deux régimes : l’idée est de regrouper ces régimes en un régime unique et nouveau dont les principes fondateurs seraient, au-delà d’assurer la pérennité financière du système, d’améliorer sa lisibilité, de simplifier les dispositifs, pour que les jeunes générations retrouvent confiance dans notre système de retraites par répartition. »


« Les jeunes générations doivent retrouver confiance dans notre système de retraite »

Simul-retraite.fr : L’une des principales pistes du Medef qui fait beaucoup parler d’elle est l’application d’une décote sur la pension ARRCO-AGIRC en cas de départ à la retraite dès 62 ans. Quelle est votre position ? Question qui sera retenue ou non selon les annonces et les avancées en mai.

Jean-Louis Malys : « Nous sommes très réservés sur cette mesure proposée par le patronat. Certes, elle produirait des économies importantes, mais en pénalisant des catégories d’usagers qui n’auraient pas le choix de partir ou non à la retraite à 62 ans, du fait de la précarité de leur parcours. Même si cette décote est temporaire, les personnes sans emploi et les femmes subiraient nécessairement une baisse de leur retraite complémentaire. »


« Une réforme des droits familiaux… pour une politique familiale plus active »

Simul-retraite.fr : Le rapport Fragonard s’est penché sur les avantages pour enfants. Pensez-vous qu’il faille revoir le mode de calcul des majorations pour enfants ?

Jean-Louis Malys : « J’ai été auditionné par Bertrand Fragonard dans le cadre de la préparation de ce rapport, ce qui m’a permis de préciser la position de la CFDT sur les droits familiaux. Pour la CFDT, une réforme des droits familiaux est nécessaire, notamment le mode de calcul des majorations pour enfants. Le système actuel est coûteux et pas très juste et il faudrait contenir ces dépenses à l’avenir pour les redéployer vers une politique familiale plus active, lorsque les enfants sont encore à charge, afin de soutenir les carrières féminines. Cette évolution ne saurait être que progressive : plafonnement des majorations, puis forfaitisation de ces majorations dès le premier enfant et exclusivement pour les femmes, enfin redéploiement partiel vers la politique familiale. »


« Il faut faire connaître les formules d’atterrissage en douceur »

Simul-retraite.fr : Plébiscités par nos lecteurs à 75 % (Baromètre 2014 simul-retraite.fr), ne pensez-vous pas qu’il faudrait encore plus promouvoir les formules d’atterrissage en douceur pour une meilleure gestion de fin de carrière (retraite progressive, cumul emploi-retraite, temps partiels, rachat de trimestres) ?

Jean-Louis Malys : « Les parcours de vie et les parcours professionnels sont aujourd’hui très différents selon les personnes. L’allongement de la durée de la vie, la diversité et la pluralité des carrières pour un même individu, la nécessaire prise en compte de ces parcours individualisés militent en faveur de ces formules d’atterrissage en douceur, de développement de ces dispositifs de transition, pour faciliter la sortie du monde du travail des futurs retraités, mais aussi pour accompagner les jeunes dans leur intégration professionnelle. Ces formules existent, il faut surtout aujourd’hui les faire connaître ! »


« Il est difficile aujourd’hui de ne pas travailler plus longtemps »

Simul-retraite.fr : D’après la CNAV, les salariés ayant une carrière complète (41 ans) ont cotisé pendant 36 années. Alors que tous les autres pays européens sont passés à un âge de 65 ans, ne pensez-vous, qu’inéluctablement, compte tenu de l’augmentation de l’espérance de vie, la France devra elle aussi passer à 65 ans l’âge de départ à la retraite, tout en conservant les dispositifs existants de départs anticipés pour carrière longue ?

Jean-Louis Malys : « Compte tenu de l’allongement de la durée de la vie, mais aussi d’une entrée dans la vie active plus tardive et de parcours professionnels plus chaotiques, il est difficile de ne pas travailler plus longtemps. Toutefois, à la notion d’âge, la CFDT préfère celle de durée de cotisation, qui reflète mieux la diversité des situations individuelles et qui est plus équitable et qui peut être différente selon les situations professionnelles. D’ailleurs cette approche privilégiant la durée de cotisation plutôt que l’âge est de plus en plus présente dans les exigences syndicales en Europe.»

Interview de Jean-Louis Malys, secrétaire national de la CFDT, responsable de la politique des retraites, par la


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