6 questions en suspens pour la réforme des retraites

vendredi 23 juillet 2021

Alors que les concertations entre partenaires sociaux devraient reprendre en Septembre, quelles sont les principales questions au sujet de la réforme proposée par Emmanuel Macron ?

Au cours de son allocution télévisée ce lundi 12 juillet, le président de la République a annoncé le retour de la réforme des retraites une fois que l’épidémie sera “sous contrôle”.

Après plus d’une année d’interruption en raison de la crise Covid, sous quelle forme va revenir cette réforme des retraites ? Quelles sont les principales questions à l’aube de cette reprise des concertations avec les partenaires sociaux en septembre ?


6 questions à se poser avant la reprise des concertations sur la réforme des retraites

Quel est le nouveau calendrier de la réforme ?

Lors de son allocution, Emmanuel Macron a donc annoncé la reprise de la réforme des retraites une fois que l’épidémie sera jugée “sous contrôle”. Une rencontre entre les partenaires sociaux est prévue à la rentrée, en septembre. Si le président souhaite relancer le projet de réforme, aucun calendrier n’est pour l’instant annoncé.

Il faudra donc attendre la fin de la crise sanitaire pour que le gouvernement relance le projet et annonce un nouveau calendrier de mise en place de la réforme.


Y a-t-il urgence pour les finances des caisses de retraite ?

D’après Emmanuel Grimaud, président fondateur de simul-retraite.fr; les caisses de retraite ne sont pas en danger du point de vue de leurs finances. En ajustant quelques indicateurs (sans avoir à modifier l’âge légal ou augmenter les cotisations), il est possible de dégager d’importantes économies.

“Cela dépend sur quel angle on se place. Si l’on prend l’état du déficit des retraites en 2019 : le secteur privé (Cnav, Agirc-Arrco) était à l’équilibre. C’est aussi un secteur qui représente 200 milliards sur les 300 milliards versés par les caisses de retraite. En 2019, on était à l’équilibre. Evidemment, en 2020 c’est catastrophique. Les prévisions pour 2025 nous donnent un déficit de 5 à 7 milliards.

Edouard Philippe se préoccupait d’un déficit des retraites et souhaitait placer un âge pivot à 64 ans : pour un déficit de 7 milliards d’euros à horizon 2025. Si l’on désindexait les retraites de 0,2 % sur l’inflation chaque année, vous gagnez en 7 ans les 5 milliards d’euros qui faisaient peur à Edouard Philippe.

Une simple (et petite) désindexation des retraites sur l’inflation permettrait de réaliser d’importantes économies, et d’assurer l’équilibre du régime général.

Un autre exemple : la désindexation a eu lieu à l’Agirc-Arrco pendant 5 ans. Les retraites et le pouvoir d’achat des retraités ont continué à augmenter.

Une personne qui liquidait sa retraite en 2020 à l’âge légal de 62 ans et au taux plein, avait validé 166 trimestres. Nous allons bientôt liquider une retraite à taux plein avec 172 trimestres. Nous allons donc travailler un an et demi de plus (soit 6 trimestres supplémentaires).

Le décalage de la réforme de 2010, où l’âge légal a été repoussé de 60 à 62 ans, a mis 36 milliards dans les caisses de retraite. La CNAV avait gagné 12 milliards d’euros par an avec cette mesure de recul de l’âge légal. C’est considérable ! Juste en jouant avec le nombre de trimestres d’un côté et de l’autre une désindexation, vous avez largement résolu une grande partie des déficits.


L’âge légal va-t-il passer de 62 ans à 64 ans ? Quelles solutions sont envisagées pour les finances des caisses de retraite ?

Si la mesure de recul de l’âge légal à 64 ans est actuellement discutée et fait débat; en réalité, une simple accélération de la réforme Touraine permettrait d’allonger la durée de cotisation sans modifier l’âge légal de 62 ans. La réforme Touraine prévoit l’allongement du nombre de trimestres de cotisation nécessaires pour valider les conditions d’une retraite calculée à taux plein.


“Les 64 ans, on y va naturellement, parce qu’on avait commencé à travailler plus tard, et parce que la réforme dite Touraine nous amène vers 43 annuités de cotisation. On va progressivement augmenter de 6 trimestres, nous allons passer de 166 trimestres à 172 trimestres, donc un an et demi de plus; ce qui nous amène vers un départ à 64 ans.”

Emmanuel Grimaud - président fondateur de simul-retraite.fr


Les régimes spéciaux vont-ils disparaître ?

Emmanuel Macron a répété vouloir mettre fin aux régimes spéciaux sur un principe de justice entre les assurés. Pour rappel, en février 2020, l’Assemblée nationale avait adopté l’article 7 du projet de loi instituant un système universel de retraite, portant sur l’intégration des régimes spéciaux au futur système universel. La suppression des régimes spéciaux a donc bien été amorcée.

"Les régimes spéciaux devront être supprimés pour les nouveaux employés dans ces secteurs. Nous vivons plus longtemps, il faudra travailler plus longtemps et partir à la retraite plus tard", a détaillé le chef de l’État.


Le système de répartition français est-il en danger ?

Le projet de réforme des retraites prévoit donc la fin des régimes spéciaux et de faire basculer l’ensemble des régimes de retraite dans un régime universel où un euro cotisé apporterait un même montant de retraite pour tous.

Notre régime français des retraites repose en majorité sur une logique de répartition : les cotisations des actifs financent les retraites versées.

Si certains s'inquiètent d’un basculement sur un système par capitalisation soit mis en place, où chacun finance sa propre retraite; le projet de réforme est clair sur ce point en assurant que la logique de répartition serait bien conservée au sein de ce régime universel.

L’exécutif justifie aussi la suppression des régimes spéciaux pour assurer un principe d’égalité entre les différents actifs, pour lisser les règles de départ et de calcul des retraites. Des exceptions devraient tout de même subsister pour prendre en compte la pénibilité de certaines professions.


Qu’est-ce que le minimum retraite de 1000€ proposé par Emmanuel Macron ?

Le minimum retraite sera donc porté à 1000€, mais ce dispositif concernera les assurés ayant liquidé leur retraite “à carrière complète". Les personnes concernées seront celles et ceux ayant cotisé le nombre de trimestres requis selon leur année de naissance. Le montant serait porté à 85 % du SMIC net à partir de 2025.

Si vous êtes né(e) en 1973, vous devez avoir validé 172 trimestres pour bénéficier d’une retraite calculée à taux plein. Dans le cadre de ce dispositif d’une retraite à 1000€, un(e) assuré(e) né(e) en 1973, devra donc avoir validé 172 trimestres pour être sûr d’y être éligible.

Le dispositif cherche à aider celles et ceux qui ont cotisé pour une carrière complète et qui ne bénéficient pas d’une retraite supérieure à 1000€. Emmanuel Macron n’a pas apporté de précisions sur le cas des carrières complètes mais devrait être discuté parmi les partenaires sociaux à la rentrée.



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Ecrit par la rédaction de Simul-retraite.fr

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